Depuis le 8 mars, en cette période où l’Europe redécouvre l’épouvante de la guerre, le Musée de la Libération de Paris, qui est en même temps musée du Général-Leclerc et musée Jean-Moulin, propose une exposition d’une vérité criante. Ces « femmes photographes de guerre », ce sont Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Anja Niedringhaus et Carolyn Cole. Gerda Taro (1910-1937) couvrit, au côté de Robert Capa, la guerre d’Espagne, et y trouva la mort en mission. Anja Niedringhaus (1965-2014) fut abattue durant la campagne présidentielle en Afghanistan.
La réalité infernale de conflits comptables de morts innombrables
C’est dire la prise de risque, dès lors qu’il s’agit de désigner au monde, sur le vif, la réalité infernale de conflits, comptables de morts innombrables, qui n’ont jamais cessé. Lee Miller (1907-1977), en 1944-1945, suit l’armée américaine jusque dans l’appartement munichois d’Hitler. Catherine Leroy (1944-2006), pour Associated Press, ce sera le Vietnam, jusqu’en 1969, avant le Liban. Christine Spengler (née en 1945), a été correspondante de guerre en Irlande du Nord (1972), au Vietnam (1973), au Cambodge (1975), au Sahara occidental (1976), en Iran (1979), au Nicaragua (1981), au Salvador (1981), au Liban (1982), en Afghanistan (1997), en Irak (2003)…
Françoise Demulder (1947-2008), après le Vietnam, sera impliquée, pour l’agence Gamma, au Cambodge (1973-1975), en Angola (1975), au Liban (1976/1983), à Cuba (1988), en Éthiopie (1991), en Irak (1990/1991). Susan Meiselas (née en 1948), c’est au Nicaragua et au Salvador qu’elle œuvrera pendant des guerres civiles, tandis que Carolyn Cole, (née en 1961), ce sera le Kosovo puis l’Afghanistan (2001), Gaza (2002), l’Irak (2004) après le Liberia. Enfin, Anja Niedringhaus (1965-2014) s’est rendue pour Associated Press en Yougoslavie (1992-1999), en Afghanistan (2001), en Irak (2003-2004), à Gaza (2009) et en Libye (2011).
En noir et blanc, plus rarement en couleur, ces regards de femmes intrépides face au miroir de la mort, doivent être scrutés avec admiration et reconnaissance.
Stéphane Harcourt
- Jusqu’au 31 décembre 2022, au Musée de la Libération de Paris, 4, avenue du Colonel-Rol-Tanguy, place Denfert-Rochereau, Paris 14e.