Né en 1870, contemporain de Debussy, sa longévité le plaça aux premières loges pour assister à l’arrivée des représentants du modernisme. Ardent défenseur de Schoenberg et Stravinsky, il continua toutefois de creuser son propre sillon jusqu’à son dernier souffle, en 1958. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le compositeur lorrain échappa de justesse à la peine d’indignité nationale à la faveur de pétitions signées en faveur de musiciens juifs, dont Dukas et Tansman. Au-delà du personnage et de propos complaisants sur l’Allemagne nazie, il y a la musique, marquée par des influences fortes : Fauré, les voyages à travers l’Italie, l’Autriche, l’Espagne, la Turquie, la Suède ou encore le Maroc. D’inspiration néo-romantique et symboliste, La Tragédie de Salomé est un de ses chefs-d’œuvre avec le Psaume XLVII et le Quintette pour piano et cordes. Inventif au plan rythmique, riche au plan harmonique, le ballet, créé en 1907 par l’Américaine Loïe Fuller (pionnière dans l’utilisation des nouvelles technologies dans ses spectacles), se distingue par une écriture mobile et des effluves qui tendent à l’ivresse, renforcée par leur caractère sensuel. De quoi avoir une « poussée de sève » peu commune, comme le disait Paul Dukas.
Florent Schmitt. La Tragédie de Salomé/Chant élégiaque. Frankfurt Radio Symphony, Alain Altinoglu (dir.). 1 CD Alpha Classics. 19 €