À Lyon, le Réverbère doit éteindre la lumière fin décembre

Les animateurs de cette galerie indépendante vouée à l’art photographique, fondée il y a quarante-trois ans, se voient forcés de mettre la clé sous la porte.

Publié le : 06 · 12 · 2024

Temps de lecture : 2 min

Arièle Bonzon, née en 1955, est photographe. Son travail est largement reconnu depuis les années 1980. Elle a attiré notre attention sur la situation de la galerie Le Réverbère. Sise à Lyon, 35-38 rue Burdeau, elle doit, par la force des choses, fermer ses portes à la fin de l’année 2024.

En 1981, Catherine Dérioz et Jacques Damez décidaient de créer à Lyon une galerie indépendante, uniquement vouée à la photographie contemporaine dans tous ses aspects. Ce pari fou, disent-ils, a été gagné. Le Réverbère a tenu bon durant plus de quarante ans. 

Mais Catherine Dérioz et Jacques Damez constatent aujourd’hui que « depuis une dizaine d’années, le marché de la photographie a beaucoup changé. Il s’est codifié, financiarisé et a été dans les mains des tenants d’un certain goût international, qui ne permet plus la même liberté d’action et de choix ».

« Les discours de l’art contemporain se sont appauvris » 

Ils rappellent combien ils ont apprécié les quinze premières années de Paris Photo, la foire internationale du Grand Palais, quand « galeristes, photographes et journalistes institutionnels faisaient communauté avec l’équipe des organisateurs ». Il y avait alors « des échanges confiants et libres, tous tendus vers un seul but : partager la passion pour la photographie avec les collectionneurs pionniers et les amateurs curieux et cultivés ». C’était le temps de débats « parfois musclés », mais « petit à petit chacun a dû choisir sa place. La langue de bois s’est installée, les discours de l’art contemporain se sont appauvris et le tout-culturel a gagné du terrain ».

« Malgré notre réputation, reconnaissent Catherine Dérioz et Jacques Damez, nos prestations intellectuelles se sont amenuisées pour quasi disparaître après le Covid. Cela nous oblige aujourd’hui à fermer la galerie et à arrêter sa programmation à la fin de l’année 2024. »

Ils finissent en beauté, avec l’exposition « Histoire(s) sans fin », qui rassemble des œuvres de 21 grands photographes qu’ils ont mis en lumière au fil des ans. Il y a vingt ans, l’adjoint à la culture de la Ville de Lyon leur déclarait : « Vous travaillez comme un vrai service public sans qu’on vous le demande et sans coûter un sou à la collectivité. » Ce jour-là, tout n’était-il pas déjà dit ?

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Antoine Sarrazin

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