L’Art de la fugue est-il le testament musical de Bach ? Si le débat agite encore quelques musicologues qui affirment que la Messe en si serait la dernière partition à laquelle aurait travaillé le Cantor de Leipzig, il est un fait que L’Art de la fugue est l’une des plus grandes créations de l’esprit humain. Construit à partir d’un thème simple et de la succession de dix-neuf variations, le cycle explore toutes les possibilités de l’écriture fuguée et du contrepoint.
Plus de deux siècles et demi après son écriture – inachevée –, L’Art de la fugue renferme toujours autant de mystères. D’ailleurs, comme un symbole, Bach n’a spécifié aucune instrumentation. Les versions les plus répandues sont à l’orgue, au clavecin, pour quatuor à cordes (Julliard Quartet) ou pour orchestre (le chef Hermann Scherchen à son époque). Plus rares sont les interprétations par un consort de violes.
Fondé il y a trente ans, Phantasm, qui s’est récemment illustré avec une transcription d’extraits du Clavier bien tempéré, enregistre ici pour la deuxième fois le chef-d’œuvre de Bach. Homogénéité sonore, parfaite lisibilité des lignes, chaleur des timbres… Surtout, l’ensemble dirigé par Laurence Dreyfus apporte une grâce et une poésie pénétrée de mystères là où certains se livrent à un exercice de mathématiques ou de mécanique de précision. Invité à interpréter quatre contrepoints, l’organiste Daniel Hyde ajoute à la beauté du disque et à l’étrange sérénité qui l’habite.
- Phantasm, Johann Sebastian Bach. The Art of fugue, 1 Cd Linn, 18 euros.