Infographie : le mal-travail nuit à la santé mentale

Selon une étude récente, un tiers des salariés français ont été confrontés à la dégradation de la qualité de vie au travail, et l’efficacité d’un salarié sur deux en a été affectée.

Publié le : 23 · 04 · 2025

Mis à jour le : 24 · 04 · 2025

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Une étude Ifop pour le cabinet Moka Care, en partenariat avec le groupe hospitalier universitaire de Paris psychiatrie et neurosciences (Ghu Paris), a été réalisée en janvier 2025 auprès de 2 200 salariés, dont 400 Drh. Ses résultats corroborent une enquête de l’Apec qui, en 2022, indiquait qu’un cadre sur quatre avait senti sa santé mentale se dégrader durant les deux années précédentes. Et que 57 % des professions intermédiaires étaient exposées au stress et à la violence de leur travail.

L’enquête Ifop/Moka Care nous apprend que plus de la moitié des répondants connaissent des troubles du sommeil, et que 46 % souffrent de fatigue chronique. Et les femmes sont plus touchées que les hommes : 62 % des répondantes disent souffrir de troubles du sommeil, 55 % de fatigue chronique et 49 % – près de la moitié – d’irritabilité ou d’agressivité. Sur ces trois points, les hommes sont 48 %, 37 %,et 35 % à répondre positivement. Un écart conséquent, de 14 à 18 points.

Chacun de ces troubles crée des difficultés au travail et, lorsque la question leur est posée, 47 % des répondants indiquent que, pour cette raison, il leur est arrivé au moins une fois de travailler moins, ou moins efficacement. Dans 36 % des cas, ils ont dû, au moins une fois, être arrêtés plusieurs jours ; dans 26 % des cas, ils ont dû prendre des congés anticipés ; dans 20 %, opter pour davantage de télétravail.

Sur ces différents items, femmes et cadres fournissent la majeure partie des réponses positives. Ainsi, 52 % des femmes disent avoir travaillé moins efficacement, tout comme les cadres, contre 36 % pour les ouvriers et 49 % pour les employés. Et 41 % des femmes ont dû être arrêtées quelques jours. Les managers sont 38 % à l’avoir été, contre 34 % pour les non-managers.

L’immense majorité des répondants (87%) incriminent le travail comme facteur principal de leurs problèmes de santé mentale, devant le contexte économique, les liens familiaux ou l’avenir climatique.

L’étude souligne cette centralité de la vie professionnelle, notamment chez les cadres pour qui « le travail constitue un facteur d’impact vis-à-vis de la santé mentale encore plus important ». Ils sont 77 % à estimer que le travail a un impact moyen ou élevé, soit 10 points de plus que la moyenne des autres répondants.

Plus de 62 % des répondants déplorent une « charge de travail trop importante », à égalité avec les « incivilités ou tensions sur lieu de travail » et les « les exigences trop élevées ». Viennent ensuite l’« inadéquation avec les valeurs de l’entreprise » (55%), à égalité avec les « changements organisationnels ». Pour finir, le « manque d’autonomie et de contrôle sur le travail » est désigné par 52% des répondants.

L’étude indique que la moitié des salariés ont été témoins d’au moins une situation négative liée au travail : dépression, violence, harcèlement, moral… Et plus d’un sur cinq ont déjà observé ou expérimenté des cas de discrimination, voire d’incitation à quitter l’entreprise suite à cette situation négative.

Deux Premiers ministres, Michel Barnier et François Bayrou, ont déclaré la santé mentale grande cause nationale ; elle reste encore un champ à investir par le législateur et les directions d’entreprises.

Lennie Nicollet

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