Platines – Béla Bartók, les traditions en fusion

Le compositeur hongrois fut un pionnier de l’ethnomusicologie, s’inspirant des musiques populaires d’Europe centrale pour créer une œuvre singulière. Les violonistes Maria Milstein et Mathieu van Bellen s’emparent brillamment de son répertoire.

Publié le : 23 · 04 · 2025

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Lorsqu’il se met à l’écriture de ses 44 duos pour violon, en 1931, Bartók honore une commande passée par le violoniste allemand Erich Doflein. Il doit mettre à la disposition des élèves, « dès leurs premières années d’études », une méthode qui leur permette de progresser dans la maîtrise de l’instrument. Mais une autre ambition anime le compositeur hongrois, né cinquante ans plus tôt : que les jeunes archets « puissent jouer des œuvres dans lesquelles se trouve la simplicité naturelle de la musique du peuple et aussi ses particularités mélodiques et rythmiques ».

Depuis 1905, Bartók collecte en effet les chants populaires, s’évertuant à en tirer des richesses insoupçonnées révélatrices d’une musique savante, les réinventant à l’aide d’harmonies modales et de rythmes inégaux, sans rien concéder de la puissance émotionnelle d’origine. Pionnier de l’ethnomusicologie, ses recherches le conduisent à puiser dans les traditions hongroise, slovaque, serbe, roumaine, ukrainienne, arabe, pour écrire ses miniatures aux titres évocateurs, inspirés en grande partie de la vie rurale : Danse du moustique ; Chant de l’oreiller ; Chanson pour la récolte du foin… 

Derrière l’argument pédagogique, il y a une œuvre qui se présente comme un tout, à la variété des profils mélodiques et des couleurs, célébrant le plaisir de jouer à deux. À l’instar de Maria Milstein et Mathieu van Bellen, deux des violonistes les plus doués de leur génération.

  • Maria Milstein/Mathieu van Bellen, Bartók/Berio. Duos for Two Violins, 1 Cd Channel Classics, 24 euros.

Ulysse Long-Hun-Nam

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